Biographie




Élise Hamel est née le 05 décembre 2001 à Cherbourg en Normandie. Elle est actuellement étudiante en 5ème année à l’ESADHaR (École Supérieure d’Art et de Design Le Havre-Rouen) de Rouen. Ayant grandi dans une famille de passionnés d’Arts, elle s’essaye rapidement à divers domaines artistiques comme la peinture, la sculpture, le son, l'animation et la photographie. Elle se dirigera plus tard notamment vers la peinture et l’édition. Ses travaux parlent notamment d’espaces, de nature et de mémoire.





Dans cet univers où seul le noir et blanc subsiste, j’explore les vestiges d’espaces de vie qui ne sont plus. Ces lieux abandonnés où la nature reprend ses droits. J’y traque les vides, les pleins, les empreintes du temps sur les sols, les murs, les structures. Ces objets et espaces érodés dialoguent avec la mémoire et chaque détail, chaque fissure raconte une disparition en cours.

À travers des compositions autour des lieux abandonnés, mon travail interroge la notion d’espace liminal, là où l’architecture humaine se détériore lentement sous l’action du vivant. Les surfaces témoignent des années passant: rouille, poussière, papier peint qui s’écaille, moisissure, végétation. Je m’intéresse autant à ce qui subsiste qu’à ce qui disparaît.

Il s’agit pour moi d’une manière de garder la trace et de rendre visible ce que le temps efface doucement. Par le biais de balades, mon travail est un appel à observer la beauté du quotidien, de ces rues que nous ne regardons plus, de cette nature que nous ignorons, mais également de ces meubles, ces murs, ces sols qui nous entourent.

Avant de tomber dans l’oubli.



Pourquoi ?



Ma grand-mère habitait dans une très vieille maison de campagne au fin fond de la Manche. Il s’agissait d’une ancienne ferme en pierre composée de plusieurs bâtiments, avec de nombreux champs et ruines dans les alentours. De ma naissance jusqu’à son décès, j’allais pratiquement tous les matins chez elle avant d’aller à l’école car mes parents travaillaient tôt. J’ai de merveilleux souvenirs de cette maison mais aussi un certain sentiment de mal à l’aise quand je repense à celle-ci. Bien qu’âgé, le rez-de-chaussée était normal. Il y avait de vieux meubles en ébène et deux rocking chairs. Cependant, le premier étage était beaucoup plus particulier. On y accédait en montant un grand escalier en pierre assez sombre, et le chemin se séparait en deux, d’un côté, la chambre de ma grand-mère où je finissais mes matinées, et de l’autre un couloir lui aussi très sombre... Un couloir rempli de bougies de différentes formes et de différentes tailles, ainsi que de pieds de lampes qu’elle collectionnait : il en était rempli et en débordait. Le couloir donnait sur une chambre d’ami ainsi que sur la chambre de mon grand-père, dans laquelle je n’allais jamais car je ne le connaissais finalement que très peu. Celles-ci étaient également remplies d’objets divers, de bougies et de pieds de lampes. Dans ce même couloir, il y avait également une échelle très peu stable donnant sur une mezzanine et un grenier qui eux aussi étaient comblés.Ce couloir était très particulier car rempli du sol aux murs aux plafonds aux étagères aux portes au marches au grenier de bougies et de pieds de lampes. Cela me donnait un certain sentiment de mal à l’aise, m’ayant toujours rendue curieuse malgré moi.

Dans les autres bâtiments de l’ancienne ferme, les deux derniers étaient partiellement en ruine, et en très mauvais état. Il n’y avait aucune fenêtre car celles-ci étaient toutes détruites. L’un d’eux servait de poulailler ainsi que d’atelier à mon grand-père, et l’autre était un immense débarras rempli de meubles détruits, de pieds de lampes, de morceaux de bois, de tableaux détruits, de livres, de photos. C’était un capharnaüm d’objets, mais en même temps, un lieu empli de souvenirs.

Cependant, en grandissant, j’ai perdu énormément de souvenirs de cette époque, et ce capharnaüm d’objets s’est transformé en un énorme vide. Un vide si intense qu’il emplissait l’espace. Je considère cette période de mon enfance comme l’origine de tous mes travaux, ainsi que de mon intérêt pour les espaces, les répétitions et le vide.

© Élise Hamel